Chapitre 1 - Solstice écarlate
La princesse Célestia se réveilla en sursaut, couverte de sueur. Elle mit quelques secondes à identifier l'endroit où elle se trouvait. Elle reconnut enfin sa chambre, ses meubles en bois noble, son lit à baldaquin avec ses grandes draperies en velours d'un vert émeraude éclatant et ses draps de soie. Elle respira profondément en fermant les yeux et soupira, rassurée : ce n'était qu'un rêve. Elle murmura ces mots, indécise, comme si elle essayait de s'en persuader. Mais, le malaise qu'avait provoqué ce rêve persistait intensément, accompagné de l'étrange angoisse de voir ce cauchemar se réaliser. Impossible, se dit-elle, le royaume et le continent tout entier sont en paix depuis déjà bien des années. L'elfe secoua la tête pour chasser cette idée et se recoucha, le soleil n'étant pas encore levé. Elle tenta de se rendormir, en vain. Quand l'aube pointa à l'horizon, sa suivante et amie entra dans la chambre afin de la réveiller. Célestia sourit en voyant Gladys, servante comme sa mère avant elle. Elle avait grandi au château, faisant ses classes avec les autres enfants du personnel et les princes. Elle avait ensuite commencé sa fonction dans les cuisines rutilantes du château à l'âge de quinze ans, où elle serait encore si la vieille gouvernante de Célestia, morte depuis quelques années, n'avait pas eu besoin d'aide.
Âgée d'une trentaine d'années, du même âge que Daëlith, le frère aîné de la princesse, Gladys a une belle apparence. Il émane d'elle une grâce innée, signe de la royauté elfique, malgré sa petite naissance. Elle porte de belles boucles brunes et souples, des yeux de biche couleur noisette et un caractère en même temps doux et ferme, la destinant à une carrière de gouvernante, le moment venu. Depuis déjà quelques années, Gladys s'occupait de la princesse telle une grande sœur bienveillante. « Princesse », ce titre faisait sourire Célestia à chaque fois. L'agaçait même, car malgré ses efforts pour se comporter comme l'exigeait son rang, son côté guerrière, aventureuse et garçon manqué reprenait souvent le dessus.
— Bien le bonjour, jeune fille. Alors c'est le grand jour ? La jeune elfe regarda son amie, perplexe.
— Quel grand jour ?
— Sa Majesté aurait-elle oublié qu'elle a dix-huit ans aujourd'hui ?
Célestia s'observa dans le miroir. Effectivement, le cauchemar l'avait tellement perturbée qu'elle en avait oublié qu'aujourd'hui, le dix-septième jour de juin, est le jour de son anniversaire. Pourtant, le royaume entier avait préparé cet événement depuis plusieurs mois déjà. La cérémonie, suivie du bal qui aurait lieu le soir même, allait rassembler tous les nobles du pays.
Areias est un royaume elfique prospère, dirigé depuis deux siècles par la famille de la princesse. Son père, le roi Wolfram, est un roi bienveillant et apprécié du peuple. Aucune guerre, famine ou pandémie n'était encore venue troubler la paix du royaume. Une tradition persistait cependant de leurs ancêtres : le poste de Gardienne du royaume et le titre d'Archimage de défense. Un poste qui, en temps normal, était occupé par la reine régnante. Mais, la mère de la princesse ayant mystérieusement disparu, c'est à Célestia que revient cette responsabilité. Depuis maintenant près de deux ans, elle suivait, en plus de son cursus diplomatique et princier élémentaire, des cours de magie d'un niveau supérieur. Dans ce domaine, la princesse est respectée, car il émane d'elle une puissance hors du commun. L'enseignement qu'elle avait reçu était pourtant resté axé sur de simples incantations de défense. Aujourd'hui, elle entre officiellement dans ses fonctions, recevant son titre devant la cour entière et se voyant enfin parée du tatouage royal. Mais, il y avait une ombre au tableau : son père s'était mis en tête de lui trouver un mari, ce qui agaçait au plus haut point la princesse qui préférait garder sa liberté, encore blessée par la perte de son premier amour et meilleur ami, Melendil. Elle doutait de retomber amoureuse un jour.
— J'avais effectivement oublié, mais j'espère que mon père acceptera ma demande, dit-elle en se passant de l'eau sur le visage.
— Laquelle ? demanda Gladys.
— Je voudrais être armée, déclara la princesse.
Elle lui tendit alors un parchemin froissé sur lequel se trouvait le dessin d'une épée avec une garde aux mesures de sa main, ayant la forme d'ailes de dragon, décorée en son centre d'une émeraude, ainsi que deux poignards assortis.
— Votre père a déjà accédé à cette demande en vous offrant un arc.
— Oui, en partie. D'ailleurs, je l'adore, mais c'est surtout pour les cérémonies qu'il me l'a offert. Pour le combat rapproché, il ne me servirait à rien.
— Comptez-vous défier tous vos prétendants pour les repousser ? Vous n'avez même pas suivi de cours d'escrime ! taquina Gladys.
— Ce n'est pas une mauvaise idée ! dit Célestia en riant.
— Princesse ! La gronda sa suivante.
— Je plaisante, Gladys ! Mais, détrompe-toi, mes frères ne peuvent rien me refuser. Leur demander de m'apprendre les bases en secret n'a pas été très compliqué. Bien sûr, je suis loin d'être à leur niveau.
Gladys lui lança un regard désapprobateur et lui intima de s’asseoir afin d'entreprendre le tressage de ses longs cheveux d'un blond flamboyant. Elle tenta ensuite de lui passer une ravissante petite robe de soie bleue, mais les grands yeux verts de la jeune femme lui lancèrent un regard noir.
Avec un soupir exaspéré, la servante tendit donc à la princesse son pantalon de cuir noir renforcé, sa longue tunique blanche en coton, sa ceinture, ses bottes, ses bracelets et ses gants en cuir.
— Très bien, mais faites-moi le plaisir de mettre votre cape verte, je ne veux pas vous voir malade, déclara la suivante, déçue.
Ensuite, celle-ci parla d'un ton plus gai :
— Au fait, pour ce soir, j'ai une surprise ! Vous serez ravie !
La princesse fit une moue sceptique en terminant de s'habiller puis, toutes les deux descendirent dans la grande salle à manger rejoindre le roi et deux des princes pour le petit-déjeuner familial, sous les salutations et les félicitations respectueuses des domestiques et des gardes s'activant dans le château. Le prince Bräne, son troisième frère, Ambassadeur d'Areias à la capitale de l'empire, était peu présent ces dernières années.
— Bonjour tout le monde ! claironna-t-elle.
Le roi se leva et, ému, embrassa sa fille en l'emprisonnant dans ses bras.
— Tu as grandi trop vite, ma Petite Princesse ! déclara-t-il, les larmes aux yeux. Aujourd'hui, tu es une femme. Joyeux anniversaire, ma fille !
— Merci, père.
— Joyeux anniversaire Cel, mais je ne vois pas où notre père a vu une femme ! plaisanta son frère Cirthän.
— Cirthän, tais-toi et grandis un peu ! Ne l'écoute pas, petite sœur. Joyeux anniversaire !
— Merci, Daëlith.
— Bon. À table ! Mes enfants, nous avons une longue journée en perspective et nous devons prendre des forces.
— Père ?
— Oui Célestia ?
— Avez-vous réfléchi à ma demande ?
— J'y ai réfléchi ma chérie et c'est non ! Une princesse n'a pas besoin d'arme, tu as la magie et ton arc, c'est bien suffisant.
— Mais, père...
— Il suffit ! Déjeunons en toute quiétude, veux-tu ? Et, s'il te plaît, ne me fais pas la tête, je ne vois pas l'utilité d'une telle arme en ces temps de paix.
— Bien père, soupira la princesse.
Mais, c'est à ce moment-là que l’impression d'insécurité, teintée d'angoisse, fit ressurgir son cauchemar. Quelque chose de terrible allait se passer ! Elle en était sûre ! Elle n'avait donc plus d'autre choix que de mettre son plan en action sans le consentement paternel.
— Que vas-tu faire de ta journée, petite sœur ? demanda Daëlith en fixant plus attentivement et amoureusement la magnifique Gladys debout, derrière la princesse.
— Eh bien, puisque c'est ma dernière journée de liberté avant les interminables conseils, je vais la passer avec Draco.
— Fais attention à ne pas effrayer les paysans cette fois !
— Ne t'inquiète pas, j'y veillerai.
Draco avait effectivement le don d'effrayer les villageois elfes du coin, sans le vouloir. Quoi de plus normal pour un dragon, même s’il était la gentillesse incarnée ! C'est ici une autre particularité de Célestia, elle est la seule dans tout le royaume à posséder un dragon, fait rarissime, car ceux-ci sont censés avoir quitté le continent des siècles plus tôt, hormis la représentante officielle des dragons, vivant en permanence à Almuria, la capitale du continent d'Ambrosia. Depuis maintenant plus de douze ans, au lendemain de la disparition de sa mère, la jeune princesse avait trouvé un bébé dragon et ils ne s'étaient plus quittés. Le roi Wolfram, bien qu'il apprécie vraiment Draco, avait bien veillé à ce que cela reste un secret pour les autres royaumes, de peur que ces derniers ne voient la rutilante créature comme une déclaration de guerre. La famille royale finit son repas dans le silence puis le roi et les princes saluèrent la princesse et sa suivante avant d'aller, comme chaque matin, à la réunion du conseil.
Lorsque Célestia eut fini sa galette de blé et ses fruits, Gladys prit congé pour vaquer à ses occupations matinales. Enfin seule, la princesse prit sa cape et se dirigea vers les sous-sols du château. Deux étages plus bas, elle arriva devant les portes en pierre closes de la salle du trésor où seul le trésorier en fonction et les membres de la famille royale pouvaient accéder. Elle se piqua le doigt sur l'aiguille à côté de la porte en grimaçant et lorsque le sang d'un rouge écarlate perla, elle l'appliqua sur l'emblème de la famille. Les gravures s'illuminèrent et les portes s'ouvrirent en silence. Lorsqu'elle pénétra dans la salle, la richesse de son royaume lui sauta aux yeux. La salle était remplie de coffres renfermant des multitudes de pièces d'or, d'argent, de joyaux et de bijoux de toutes sortes qui, chaque année, sont largement et équitablement redistribués au peuple d'Areias. Le long des murs couraient d'immenses bibliothèques remplies à ras bord d'épais livres de comptes et d'histoire. Dans le fond de la salle, assis à son bureau, un vieil elfe très sage était en plein travail. Il leva la tête et sourit en apercevant la princesse qui le salua très poliment.
— Bonjour Alazär.
— Bonjour, Votre Altesse ! Un très joyeux anniversaire.
— Merci. J'ai une requête : pourriez-vous me donner la somme nécessaire à la fabrication d'une bonne épée et de deux poignards avec trois émeraudes moyennes ? Tout cela de façon discrète, s'il vous plaît ?
Elle attendit en silence et avec appréhension la réponse du vieux trésorier qui lui sourit en retour.
— Si c'est pour vous, alors pas de problème. Cela aurait été pour son altesse, le prince Cirthän, j'aurais été dans l'obligation de refuser, au vu de son passif, dit-il en riant. Je ferai passer cela pour l'achat d'une nouvelle selle à dragon.
— Merci !, dit-elle, soulagée.
Le trésorier rassembla la somme demandée dans une bourse, la lui tendit et lui souhaita une bonne journée. Célestia se rendit alors avec empressement dans la cour du château où elle se retrouva face à la forge. Depuis cette « affreuse nuit », quatre ans auparavant, elle l'avait soigneusement évitée. Aujourd'hui, elle se devait de prendre son courage en mains et d'y entrer. Elle y trouva le forgeron, Faënir, en plein travail. C'est un homme bon et de carrure imposante, moitié elfe, moitié nain, ce qui lui confère un talent immense dans son art. Il fut agréablement surpris de voir la princesse, lui aussi ayant été douloureusement marqué par l'incident. Il l’accueillit joyeusement en lui souhaitant un bon anniversaire et lui demanda ce qu'il pouvait faire pour elle.
— Merci. J'ai une commande urgente pour vous. Voici la somme pour une épée, deux poignards, ainsi qu'un supplément pour votre silence.
Elle lui tendit la bourse, les trois émeraudes et le croquis fait de sa main.
— Est-ce votre œuvre, Altesse ? C'est très impressionnant.
— Merci, pourriez-vous me les fabriquer en priorité, s'il vous plaît ?
— Bien sûr, Majesté. Demain, en fin d'après-midi, votre commande sera prête.
— Alors, à demain, Sire Faënir !
La princesse sortit précipitamment de cet endroit qui l’oppressait et tenta de retrouver son calme. Elle se dirigea ensuite vers les écuries pour y seller l'une des juments royales et fit une longue promenade dans la forêt aux alentours du château. Célestia prit alors conscience qu'elle s'était fort habituée et attachée à Draco, car même si elle appréciait cette balade à cheval, elle se languissait de son ami dragonique. L'excursion dura toute la matinée. Elle en profita pour récolter des herbes et des racines utiles qu'elle réduisit et préserva grâce à un sort appris en cachette de ses professeurs. Elle les rangea ensuite dans la bourse magique que son père lui avait offerte à l'un de ses précédents anniversaires. Elle avait pris l'habitude d'y entreposer toutes sortes de choses utiles ou qui lui tenaient à cœur. Ce genre de bourse était bien pratique à ses yeux. Couramment utilisées par les nains pour faciliter le transport à pied de grandes cargaisons de joyaux, elles n'avaient pas de limites et restaient toujours étonnamment légères. Il suffisait de penser à l'objet dont on avait besoin en plongeant la main dedans pour que celui-ci s'y matérialise et seul son propriétaire était capable de l'ouvrir.
Lorsque Célestia rentra, des effluves venant des cuisines lui chatouillèrent les narines.
Elle s'excusa auprès des palefreniers en leur laissant la monture pour se précipiter vers la salle à manger où elle dîna seule, son père et ses frères étant encore occupés aux affaires de l'état. Son repas achevé, elle se dirigea vers les réserves du château. Elle y rassembla sur une table différents aliments. Ceux dont on a besoin pour un voyage de plusieurs semaines. La princesse imposa ses mains au-dessus des aliments et utilisa le sortilège pour les dupliquer et ensuite les réduire à l'état de petits dés afin de les protéger contre le temps : Duplicate, ad redigendum, protectus ! Ceci accompli, elle remit les originaux en place, entassa les duplicatas dans un sac, le réduisit à son tour avant de le placer dans sa bourse. Dans celle-ci, elle mit des herbes, un coffre de pièces d'or et de joyaux, et quelques cartes du royaume et du continent qu'elle avait eues par chance entre les mains, quelques jours plus tôt. Elle se rendit ensuite dans sa chambre. Elle y prépara quelques vêtements de rechange, son arc, son carquois rempli de flèches, son bouclier, un assortiment de cordes, de quoi faire du feu afin de survivre dans la nature, des couvertures, un nécessaire de couture, un de soin, des pansements, des livres de magie, des affaires et des souvenirs qui lui tenaient à cœur, et enfin un nécessaire de toilette, car elle est une princesse après tout ! Lorsqu'elle eut rassemblé tout cela sur son lit, elle appliqua le même sort que précédemment : ad redigendum, protectus. Le matériel se réduisit à la taille de minuscules sculptures entourées d'un halo protecteur constitué d'énergie magique. Célestia mit l'équipement dans la bourse à sa ceinture. Lorsqu'elle eut fini, elle se sentit apaisée, espérant que toutes ces précautions se révèlent inutiles, et sourit d'aise en constatant que cet exercice n'avait en rien entamé son énergie.
Ces préparatifs finis, elle courut à l'arrière du château vers le magnifique abri aménagé à l'intention de son meilleur ami Draco, un magnifique dragon vert aux yeux dorés. Arrivée à proximité, elle ouvrit leur lien télépathique, car même si Draco sait parler, lorsqu'ils ne sont pas seuls, ils préfèrent la voie télépathique afin de garder leur conversation privée. Cependant, c'est à voix haute qu'il l’accueillit de façon enjouée :
— Salutations à toi, Ma Brillante Étoile.
— Salutations, Mon Verdoyant Soleil.
— Joyeux anniversaire, Princesse !, lui dit-il, en continuant par la pensée. Peux-tu me dire ce que sont ces images inquiétantes qui hantent tes pensées ?
— Juste un mauvais rêve, du moins je l'espère, mais un affreux
pressentiment ne me quitte plus depuis mon réveil et comme tu le vois, j'ai ressenti le besoin de me préparer !
— Et tu as bien fait, je pense, lui dit Draco tout en ronronnant
sous les caresses de la jeune femme.
— Es-tu prêt pour une balade ? reprit-elle à haute voix.
— Toujours ! répondit le dragon en riant.
Elle le sella et ils s'envolèrent pour une randonnée aérienne au gré des nuages et de la brise. Lorsqu'ils volaient ensemble, la princesse et le dragon ne formaient plus qu'un. Cette sensation de liberté totale était la bienvenue en ce jour où elle en serait bientôt privée. Pour la distraire de ses sombres pensées, Draco se mit à faire des figures acrobatiques dans les cieux du paisible royaume, et tous deux partirent dans un énorme fou rire.
Le soleil descendait déjà à l'ouest, l'horizon rougeoyait lorsqu'ils atterrirent enfin devant l'abri de la majestueuse créature dragonique. À peine à terre, la morosité de la princesse reprit de plus belle.
— Que t'arrive-t-il ? lui demanda son ami.
— Ma liberté prend fin ce soir. Avec mon poste de gardienne, je vais être très sollicitée. Et, mon père qui pense à me marier ! Le bal de ce soir ne sert qu'à me mettre les prétendants sous le nez.
— Bah ! Tu trouveras une solution, je te fais confiance. Peut-être ton cœur se mettra-t-il à battre pour l'un d'entre eux.
— Ah non ! Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi !
— Je dis simplement que tu ne dois pas être aussi catégorique.
— Je ne te promets rien. Bon, à demain.
— À demain Princesse. Dépêche-toi, tes invités arrivent.
Elle quitta son ami à contrecœur et regagna le château d'un pas lent et lourd. Elle arriva doucement à sa chambre dans laquelle Gladys l'attendait déjà, le regard sévère, les mains sur les hanches, dans une ravissante robe de soirée en mousseline de couleur lavande, portée en dessous d'un long tablier de travail. La princesse émit un sourire d'excuse devant le regard inquisiteur de la servante qui lui intima l'ordre de vite se dévêtir de ses loques couvertes de boue et de se plonger dans son bain parfumé. Ce que la jeune femme accomplit sans rechigner, car après une journée aussi fatigante, elle accueillit volontiers les bienfaits de l'eau chaude. La suivante s'appliqua alors à laver et démêler les longs cheveux de sa protégée tout en chantant doucement la berceuse elfique préférée de Célestia.
— Gladys ?
— Oui, Princesse ?
— Tu es comme une sœur pour moi et je t'aime beaucoup, je tenais à te le dire.
— Moi aussi, Majesté.
— Je suis impatiente que Daëlith te voie aussi magnifique et j'espère qu'il t'invitera à danser.
— Voyons, Altesse, ne racontez pas de sottises ! C'est vous la reine de la soirée et un homme du rang de votre frère n'en a que faire d'une petite servante comme moi, répondit Gladys en rougissant et non sans un accent de tristesse dans la voix.
Le bain terminé, Gladys coiffa Célestia de multiples petites tresses dans sa chevelure lâchée et la para des bijoux de la famille royale. Le diadème de gardienne serait bientôt déposé sur la tête de la jeune princesse, lors de la cérémonie du soir même.
— Et maintenant, mon cadeau ! déclara joyeusement Gladys.
Elle dévoila à Célestia une splendide robe en soie vert émeraude, brodée de fils d'argent, avec de longues manches cérémonielles et une longue traîne assortie attachée aux épaules sur un col en bassin. Une merveille imaginée et dessinée par la reine Ivania lorsque la princesse était enfant.
— Oh Gladys, elle est parfaite, merci ! déclara Célestia, les larmes aux yeux.
— Je savais que cela vous ferait plaisir, Altesse. Et, puis de cette façon, « Elle » sera un peu avec vous, répondit la servante en l'aidant à passer sa tenue. Votre père vous attend, Majesté, c'est l'heure ! continua Gladys en enlevant son tablier.
Lorsque Célestia s'observa dans le miroir, elle-même fut étonnée et éblouie par sa beauté. Enfin, elles descendirent les marches et arrivèrent devant les portes fermées de la salle de cérémonie. Célestia respira profondément et fit signe qu'elle était prête. Le son des cors elfiques résonna dans tout le château. Les portes s'ouvrirent alors lentement sur une salle grandiose illuminée par d'immenses candélabres et des centaines de cristaux luminescents. Devant la porte et jusqu'à l'estrade, dans le fond de la salle courait un immense tapis orange bordé d'or, les couleurs du royaume. Aux murs flottaient les bannières aux armoiries royales, de grandes draperies d'un orange flamboyant, bordées d'or, et au centre d'un ovale vert émeraude trônait l'image d'un majestueux léopard des neiges, les premiers habitants de ces terres, qui vivaient en harmonie avec le peuple elfique depuis leur installation dans le pays. Des deux côtés de la pièce, des centaines de personnes se pressaient afin d'apercevoir la princesse. Le sol se tapissait de pétales de roses, qui pleuvaient du plafond par magie, et partout dans la salle flottaient des odeurs de trèfle, de lys, d'iris, de dahlia, de jacinthe et de rose, qui émanaient de nombreux bouquets embaumant l'assemblée. Lorsque la princesse fit son entrée, un murmure d'admiration et d’émerveillement monta dans la foule. Son père, le roi, se tenait debout sur l'estrade en habit d'apparat, des larmes de joie aux coins des yeux. À ses côtés se tenaient son ami félin Haskandiel, roi fier du peuple léopard, ainsi que les princes qui regardaient leur sœur avec tendresse et émerveillement. Venaient ensuite les proches conseillers du roi et un greffier consignant toute la cérémonie pour la postérité.
La princesse remonta doucement l'allée et s'agenouilla devant le roi. Le silence envahit la salle, alors que Wolfram prenait la parole :
— Mes Chers Amis, nous sommes ici rassemblés ce soir pour fêter le dix-huitième anniversaire de ma fille, la princesse Célestia d'Areias.
— Joyeux anniversaire ! s'écria l'assemblée en chœur.
— En plus d'avoir atteint l'âge de raison de notre peuple, elle entre aujourd'hui dans ses fonctions princières officielles en recevant la marque de notre clan et prend également en charge la lourde et honorifique tâche échue aux femmes de la famille, celle de la protection du royaume. Puisque depuis bien des siècles, les femmes de notre clan nous ont protégés et portés à la grandeur actuelle de notre lignée. Gloire à elles !
— Gloire à elles !, scandèrent-ils tous en chœur.
— Célestia, reçois dès maintenant la marque princière qui rappellera au monde qui tu es !
Disant cela, il saisit le poignet droit de sa fille dans ses mains et avec une incantation inaudible y apposa, le tatouage d'une empreinte de léopard, la marque royale. Il prit alors le diadème de gardienne, le leva au-dessus de sa fille pour le baigner dans les rayons de la lune, leur déesse bien-aimée, et le posa sur la tête de la princesse.
— Relève-toi, ma fille. Tu es désormais la Gardienne du royaume d'Areias, Archimage, et stratège de défense de ton peuple. Que la déesse veille sur toi !
La princesse se releva sous les applaudissements et les acclamations de la foule, tous se dirigèrent ensuite vers la salle de réception à ciel ouvert afin d'y festoyer. L'ambiance était féerique, la nourriture et le vin coulaient à flots. Puis le moment tant redouté par notre héroïne arriva. Le roi se leva et déclara qu'il était temps d'ouvrir le bal. Gladys vint retirer la traîne de sa protégée. Les invités se pressèrent autour de la piste de danse où une dizaine de jeunes elfes de haut rang s'inclinèrent devant la princesse, attendant qu'elle fasse son choix pour la danse inaugurale. Mais, à la surprise générale, la jeune femme se tourna vers son père, le roi, et lui offrit sa première danse. Celui-ci fut trop heureux pour remarquer le stratagème de sa fille. Ils s’avancèrent au milieu de la salle d'où la musique s'éleva. Le roi et sa fille commencèrent donc à valser, entraînant dans leur sillage d'autres couples, dont le prince Daëlith qui invita Gladys, au grand dam de toutes les nobles jeunes elfes, ce qui fit sourire Célestia. C'est au milieu de ces festivités que, paniqué, arriva un lieutenant de la garde du nord qui ouvrit violemment les portes et hurla son désespoir, sa détresse et son angoisse, en tombant aux pieds d'un roi abasourdi, tout comme la foule.
— Sire, c'est une catastrophe. Par pitié, que le dieu et la déesse nous protègent, Majesté. Nous avons été attaqués, nous n'avons rien vu venir, un village entièrement décimé, la garnison exterminée, je suis le seul survivant ! cria-t-il comme un fou, avant de s'évanouir devant le regard médusé de l'assemblée. Le roi et les princes réagirent très vite.
— Mes Chers Sujets, veuillez rester calmes. La fête est malheureusement finie. Veuillez regagner les quartiers qui vous ont été attribués, je vous prie. Que les chefs des trois grandes familles et membres du conseil me suivent ! Garde, veuillez conduire ce pauvre homme à l'infirmerie et me le ramener dans la salle du conseil lorsqu'il sera revenu à lui.
Les invités s’exécutèrent aussitôt, quittant le château pour ses dépendances bourgeoises, tandis que le roi réunit en urgence un grand Conseil d'État, composé de lui-même, des princes, du roi léopard Haskandiel, des trois chefs des grandes familles étant ses ministres, et aussi les gouverneurs des trois provinces, des mages et de la princesse, le tout premier pour elle. Tous s'assirent autour de la table et très vite les domestiques servirent des boissons chaudes afin de désembuer les esprits. Célestia tenta de respirer calmement. Son pressentiment s'était donc bien réalisé ! Elle ouvrit alors son lien télépathique et appela Draco pour qu'il suive aussi la situation. Celui-ci fut tout de suite alerte et vigilant et sa présence dans l'esprit de la jeune femme la rassura quelque peu.
Ce fut après quelques minutes d'un lourd silence que le roi prit la parole :
— L'heure est grave ! Nous ne savons pas encore qui nous menace, ni comment, ni pourquoi, et il nous faut attendre le réveil de ce pauvre bougre pour le savoir, mais en attendant, il nous faut commencer par réagir au minimum. Je pense qu'il faut déclarer l'état d'alerte général et maximal.
Tous acquiescèrent, la mine sombre. Le roi reprit la parole :
— Je vais envoyer une missive urgente au couple impérial pour les prévenir de la situation. Je leur en enverrai une autre avec un complément d'information, plus tard. Dame Sériana, Seigneur Akkadiel, Seigneur Esmérendiel, demain, dès les premières lueurs du jour, en tant que gouverneurs, partez avec un petit contingent de soldats vers les villes et les villages du nord afin d'en ordonner l'évacuation immédiate vers les grottes sacrées au sud d'Areias. Rappelez l'armée, faites appel aux réservistes et à tous les bras vaillants, mieux vaut être trop préparé que trop peu ! Procédez de cette façon en allant du nord vers le sud de vos provinces respectives. Je vais me charger d'Ismaräl et des alentours.
— Bien Altesse, mon fils aîné est à votre disposition pour la protection et l'escorte de la princesse vers les grottes, déclara le seigneur Akkadiel.
— Comment ? C'est hors de question ! Mon rôle est de protéger le royaume, pas d'aller me terrer dans une grotte !
— Bien que cela m'inquiète et me déchire le cœur, je ne peux que lui donner raison.
— Bien Sire. — Daëlith, va préparer un quart des troupes de la capitale et rends-toi tout de suite à Aranrüth. D'après ce que j'ai pu voir, ce lieutenant fait partie de la garnison du capitaine Shivän. Quand tu y seras, établis un camp et envoie-moi au plus vite un état des lieux.
— À vos ordres, père ! déclara le prince avant de sortir pour s'affairer à sa tâche.
— Haskandiel, mon ami, je crois que tu devrais faire avertir tes sujets et les mettre en sécurité, eux aussi.
— Ne t'inquiète pas pour nous, mon peuple est fort, vaillant et ne craint pas la mort. Si tu le permets, je voudrais juste que les femelles nourricières, les pleines et les petits soient mis à l'abri avec tes réfugiés.
— Bien sûr, mon ami ! Et, maintenant, Cirthän, Célestia, allez-vous coucher, mes enfants, nous aurons plus de précisions demain matin.
La princesse se leva, salua le conseil et embrassa son père. Son frère, quant à lui, s'attarda un moment. Célestia se dirigea vers les escaliers, l’œil hagard, son cauchemar bien présent à l'esprit. Heureusement, Draco la soutenait mentalement : Nous devons nous tenir prêts, mais ne cédons pas à la panique, Mon Astre Céleste. Ne t'inquiète pas, va dormir, je veillerai sur ton sommeil. Elle arriva à l'escalier, mais resta dans l'ombre en apercevant au pied de celui-ci son frère Daëlith, occupé à parler doucement à Gladys. Celle-ci se mit à sangloter. Il la prit dans ses bras et l'embrassa tendrement avant de partir précipitamment. Arrivé à la hauteur de sa sœur, il s'arrêta, la prit à son tour dans ses bras et lui dit au-revoir avant de s'éloigner dans la nuit obscure et silencieuse. Célestia courut se réfugier dans les bras de son amie Gladys.
— Il m'a enfin avoué ses sentiments, il m'aime, je l'aime et je risque déjà de le perdre !
Elles pleurèrent ensemble, tout en montant les marches. Lorsque la princesse se retrouva dans sa chambre, elle enleva seule sa tenue et ses ornements qu'elle rangea dans un joli coffre en bois de rose sculpté auquel elle appliqua le même traitement magique que plus tôt dans la journée. Elle le mit dans la bourse puis prépara ses vêtements pour le lendemain : une autre tenue de combat. Puis, elle se coucha et dormit paisiblement grâce à Draco.
Dans le reste du château, on dormit peu cette nuit-là. Des bataillons de soldats furent déployés et, dès l'aurore, l'évacuation commença. Lorsque la princesse se leva, les sous-sols du bâtiment avaient été scellés et tous les habitants de la capitale, ainsi que le personnel superflu du château, étaient déjà en route vers les grottes sacrées, au sud du royaume, heureusement distantes de seulement un jour de marche d'Ismaräl ! Célestia assista à son deuxième conseil. La réponse de l'empereur n'avait pas tardé. Il était préoccupé par la situation, attendait plus de précisions et mettait bien sûr à disposition les troupes impériales, au besoin. Des nouvelles du prince Daëlith ne tardèrent pas non plus, il allait bien, mais était choqué du massacre qu'ils avaient découvert en arrivant sur place ! « D'une horreur indescriptible », disait-il. Il leur apprit également que le même funeste sort avait été réservé à un autre village du nord dans la nuit précédente. On amena ensuite le lieutenant qui, désormais calmé, leur livra un récit plus qu'effrayant qui alarma le roi et ses ministres. Ce récit marqua tellement la princesse qu'en le rapportant au couple impérial, elle en frissonnait encore.
Après la réunion du conseil qui dura une bonne partie de la journée, le roi Wolfram prit sa fille à part :
— Ma Princesse, il pèse sur tes jeunes épaules un bien lourd fardeau désormais. La ville et les alentours ont été évacués, les derniers chariots partants vont emporter ce qui reste du personnel. Quant à moi, à la lumière de ce que nous avons appris, je pars avec le reste des troupes, Cirthän et les mages, rejoindre ton frère au nord. Je vais laisser une quinzaine de soldats avec toi pour te protéger.
— Père, attribuez-les plutôt à l'escorte du reste du personnel. Moi, je ne risque rien pendant le rituel, j'aurai Draco avec moi.
— Très bien, ma chérie. Mais, veille à ce qu'il soit sellé en permanence et, s'il te plaît, mon enfant, si nous échouons et que la ville est attaquée, fuis ! Fuis vers la cité impériale ! Va y retrouver ton frère, je n'ai pas pu le prévenir, mais je suppose que l'empereur l'aura fait. Tu es notre espoir ma fille. Prends ceci, c'est un rapport complet de la situation pour l'empereur et des papiers officiels qui attestent ton identité, lui dit-il en lui donnant une sacoche.
— Bien père, répondit-elle les larmes aux yeux.
— Je dois y aller ! Le roi serra sa fille comme si c'était la première et la dernière fois qu'il la voyait, puis il sortit.
La princesse resta là, seule, à pleurer pendant quelques minutes sous le réconfort silencieux de l'esprit de son dragon. Elle se ressaisit, elle n'avait pas le temps pour cela ! Elle réduisit et protégea la sacoche par magie et la mit en place. Elle se précipita ensuite à la forge où Faënir l'attendait.
— Tenez, Votre Altesse. Puissent ces armes vous protéger dans la tourmente, dit-il en lui tendant l'épée et les poignards commandés.
— Merci, elles sont parfaites !
Elle attacha l'un des poignards à sa ceinture, glissa le second dans le fourreau de jambe, mis en place son épée puis se couvrit de sa cape verte.
— Allez en paix et que la grande déesse veille sur vous ! Il lui fit la révérence et partit rejoindre les autres domestiques à l'entrée sud de la cour, pour le départ du dernier chariot. Draco était déjà à côté de l'entrée du château et saluait les passants qui s'inclinaient respectueusement devant lui. Gladys était en pleine crise d'hystérie et refusait de partir et d'abandonner sa jeune protégée. La princesse accourut et la prit dans ses bras.
— Gladys, il ne m'arrivera rien, je te le promets. Tu dois partir, je t'aime.
— Moi aussi Princesse. Draco, je te la confie ! finit par dire la suivante en reprenant ses esprits.
— Je ne la quitterai pas des yeux. Célestia, je vais t'attendre au sommet de la tour.
Les embrassades terminées, la princesse regarda son dragon s'envoler et le chariot s'éloigner dans le soleil couchant de ce dix-huitième jour de juin. Elle entra alors dans le hall du château, se tourna face à la porte et la scella par magie. Le château de son enfance devint alors une forteresse impénétrable. Elle le parcourut ensuite de tout son long, revivant des souvenirs heureux, des souvenirs plus tristes, des moments forts, scellant les pièces une à une tout en se dirigeant vers la tour de la salle lunaire, la salle ronde à ciel ouvert baignée dans la lumière de la lune pour les cérémonies et les rituels de la gardienne. Lorsqu'elle y arriva, Draco avait déjà allumé le brasier rituel au centre de la pièce et s'était couché dans un coin.
— Mange et bois quelque chose avant de commencer. Tu vas avoir besoin de force, lui dit-il.
— Je sais.
Elle mangea quelques mets préparés par les cuisiniers, avant de partir. Elle but ensuite une potion revigorante à base d'ortie, de sauge et de marjolaine afin de rester éveillée plusieurs jours si nécessaire. Elle mit à l'abri dans sa bourse son épée et enfin s'approcha du feu. La Lune était déjà haute dans le ciel lorsqu'elle jeta dans le feu les herbes cérémonielles et entama son chant rituel. À peine entrée en transe, elle sentit la puissance maléfique tenter de s'en prendre à son royaume, une ombre s'étendant depuis le nord. La lutte mentale dura plusieurs jours, les assauts de l'adversaire devenant de plus en plus insistants et violents. Détruisant le moral de l'armée Areihims en plein combat et affaiblissant les forces de la princesse. Elle redoubla d'efforts, essayant de protéger le plus de monde possible. Trois nuits et deux jours passèrent. À chaque nouvelle attaque, l'ennemi était plus fort et plus nombreux. À la fin du deuxième jour, Célestia était à bout de forces.
— Draco, je ne tiendrai plus longtemps sans me reposer.
— Cet ennemi est vil et puissant, nous devrions peut-être partir tout de suite pour la cité impériale.
— Pas question de les abandonner.
Soudain, une explosion retentit tout près, brisant net la transe de la princesse. Un immense incendie se déclara devant les yeux horrifiés de Draco et Célestia.
— Je ne comprends pas, je ne les ai pas sentis arriver ! paniqua Draco.
C'est la dernière chose qu'entendit Célestia avant de s'évanouir quelques minutes sous un nouvel assaut mental de l'ennemi. C'est alors qu'elle eut la vision de son cauchemar et qu'elle se rappela ces mots : « Le jour du solstice d'été, le royaume d'Areias tombera ». Puis, elle entendit un rire glacial mêlé à son nom. Elle ouvrit les yeux et se redressa vivement, tout était en feu dans la capitale et les flammes léchaient déjà les murs du château. Draco trépignait sur place, pressé de mettre sa protégée à l'abri. Et, là, devant elle, se tenait un spectre. Non, ce n'est pas un spectre, se dit-elle, c'est une projection. Devant elle, après douze ans d'absence, se tenait l'être astral de la reine Ivania.
— Mais c'est impossible. Mère, est-ce bien vous ? Vous êtes vivante ?
— Oui, mon enfant, mais ma projection ne durera pas longtemps. Écoute-moi, tu dois fuir. Prends Draco et fuyez vers la cité impériale. Je t'aime, ma chérie !
L'image s'évapora. La princesse se releva alors rapidement, courut vers son ami dragonique, monta sur son dos et ils s'envolèrent dans une bourrasque filant vers le sud. C'est alors qu'une vision d'horreur s'ouvrit aux yeux de la jeune femme. D'immenses flammes noires envahissaient les alentours du château, dévorant les habitations et la forêt autour. À ce moment précis, une boule d'énergie gigantesque venue de nulle part les percuta. Célestia fut désarçonnée et tomba dans le vide dans un cri. Il y eut un grand éclat de lumière. Une seconde à peine s'écoula et la princesse s'écrasa au sol. Avant de perdre connaissance, la dernière chose qu'elle vit au loin, fut une grande cité blanche couronnée de drapeaux flottant au vent et baignée dans la lumière du crépuscule, ainsi que la silhouette d'un homme s'approchant d'elle... Puis ce fut le noir.
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